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et c’est timide comme le petit oiseau que voilà, c’est tout naturel ! »

Elle se serra contre son sein, mais sans dire un mot et sans relever la tête.

« Il est tard, ma chérie, dit M. Peggotty, et voilà Ham qui vous attend pour vous ramèner à la maison. Allons, partez avec lui, c’est un bon cœur aussi ! Quoi Émilie ? que dites-vous, mon amour ? »

Le son de sa voix n’était pas arrivé à mes oreilles, mais il baissa la tête comme pour l’écouter puis il dit :

« Vous voulez rester avec votre oncle ? Allons donc, vous n’y pensez pas ? Rester avec votre oncle, ma chatte ! quand celui qui va être votre mari dans quelques jours est là pour vous ramener à la maison. Eh bien ! on ne le croirait pas, en voyant cette petite fille à côté d’un vieux grognard comme moi, dit M. Peggotty en nous regardant tous les deux avec un orgueil infini ; mais la mer ne contient pas plus de sel que le cœur de ma petite Émilie ne contient de tendresse pour son oncle : petite folle !

— Émilie a bien raison, monsieur David, dit Ham ; voyez-vous, puisque Émilie le désire, et que je vois bien qu’elle est agitée et un peu effrayée, je la laisserai ici jusqu’à demain matin. Permettez-moi seulement de rester aussi !

— Non, non, dit M. Peggotty, vous ne pouvez pas, vous qui êtes marié ou tout comme, perdre un jour de travail ; et vous ne pouvez pas non plus veiller cette nuit et travailler demain cela ne se peut pas. Retournez à la maison. Est-ce que vous avez peur que nous n’ayons pas soin d’Émilie ? »

Ham céda à ces raisons, et prit son chapeau pour se retirer. Même au moment où il l’embrassa, et je ne le voyais jamais s’approcher d’elle sans penser que la nature lui avait donné le cœur d’un gentleman, elle semblait se serrer de plus en plus contre son oncle, évitant presque son fiancé. Je fermai la porte derrière lui, afin de ne pas troubler le silence qui régnait dans la maison, et, en me retournant, je vis que M. Peggotty parlait encore à sa nièce.

« Maintenant, dit-il, je vais monter dire à votre tante que M. David est là, cela lui fera du bien. Asseyez-vous près du feu pendant ce temps-là, ma chérie, et chauffez vos mains, elles sont froides comme la glace. Qu’est-ce que vous avez donc à avoir peur et à vous agiter comme cela? Quoi ! vous voulez venir avec moi ? Eh bien ! venez ; allons ! Si son oncle était