Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/295

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Il ressemble beaucoup à David ! dit M. Dick.

— Mais ce que je désire vous voir devenir. Trot, reprit ma tante, je ne veux pas dire physiquement, vous êtes très-bien de physique, mais moralement, c’est un homme ferme ; un homme ferme, énergique, avec une volonté à vous, avec de la résolution, dit ma tante en branlant la tête et en serrant le poing ; avec de la détermination, Trot, avec du caractère, un caractère énergique qui ne se laisse influencer qu’à bonne enseigne par qui que ce soit, ni par quoi que ce soit ; voilà ce que je veux vous voir devenir ; voilà ce qu’il aurait fallu à votre père et à votre mère, Dieu le sait, et ils s’en seraient mieux trouvés. »

Je manifestai l’espérance de devenir ce qu’elle désirait.

« Afin de vous fournir l’occasion d’agir un peu par vous-même, et de compter sur vous-même, dit ma tante, je vous enverrai seul faire votre petit voyage. J’avais eu un moment l’idée de vous faire accompagner par M. Dick, mais, en y réfléchissant bien, je le garderai pour prendre soin de moi. »

M. Dick parut un moment un peu désappointé, mais l’honneur d’être admis à la dignité de prendre soin de la plus admirable femme qu’il y eût au monde ramena bientôt la satisfaction sur son visage.

« D’ailleurs, dit ma tante, il a son mémoire.

— Certainement, dit M. Dick, précipitamment. J’ai l’intention, Trotwood, d’en finir avec ce mémoire ; il faut réellement que ce soit fini une bonne fois. Après quoi, je le ferai présenter, vous savez, et alors… dit M. Dick, après s’être arrêté et avoir gardé le silence un moment, et alors il faudra voir frétiller le poisson dans la poële ! »

En conséquence des bonnes intentions de ma tante, je fus peu après pourvu d’une bourse bien garnie et d’une malle, et elle me congédia tendrement pour mon expédition d’exploration. Au moment du départ, elle me donna quelques bons conseils et beaucoup de baisers, en me disant que, comme son projet était de me fournir l’occasion de regarder autour de moi et de réfléchir un peu, elle me conseillait de passer quelques jours à Londres si cela me convenait, soit en me rendant dans le Suffolk, soit en revenant. En un mot, j’étais libre de faire ce qu’il me plairait pendant trois semaines on un mois, sans autre considération que celle de réfléchir et de regarder autour de moi, et l’engagement da lui écrire trois fois la semaine, pour la tenir au courant de ce que je ferais.