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simples compliments de ma part. Permettez-moi de vous souhaiter une bonne année accompagnée de plusieurs autres.

— Je vous remercie, madame, dit le docteur.

— De beaucoup, beaucoup d’autres, dit le Vieux-Troupier, non-seulement pour votre bonheur, mais pour celui d’Annie, de Jack Maldon et de la compagnie. Il me semble que c’était hier, John, que vous étiez encore un petit garçon avec la tête de moins que M. Copperfield, et que vous faisiez des déclararations à Annie derrière les groseilliers, dans le fond du jardin.

— Ma chère maman ! dit mistress Strong, à quoi allez-vous penser ?

— Allons, Annie, pas d’absurdités, dit sa mère ; si vous rougissez de cela, maintenant que vous êtes une vieille matrone, quand donc cesserez-vous d’en rougir ?

— Vieille ! s’écria M. Jack Maldon ; Annie, vieille ! allons donc !

— Oui, John, répliqua le Troupier ; c’est de fait une vieille matrone. Je ne veux pas dire qu’elle soit vieille par les années, je ne suppose pas qu’on me croie assez simple pour prétendre qu’une enfant de vingt ans soit vieille, mais votre cousine est la femme du docteur, et c’est par là qu’elle mérite le titre respectable que je lui donne. Et c’est fort heureux pour vous, John, que votre cousine soit la femme du docteur ; vous avez trouvé en lui un ami dévoué et influent, qui ne finira pas là ses bontés, si vous les méritez, j’en suis sûre. Je n’ai point de faux orgueil, je n’hésite point à avouer franchement qu’il y a dans notre famille des personnes qui ont besoin d’un ami ; vous, par exemple, vous étiez dans ce cas-là, avant que l’influence de votre cousine vous eût procuré cet ami secourable. »

Le docteur, dans la générosité de son cœur, fit un signe de la main comme pour dire que cela n’en valait pas la peine, et pour épargner à M. Jack Maldon un nouvel appel fait à sa reconnaissance mais mistress Markleham changea de chaise pour aller s’asseoir plus près du docteur, et là elle appuya son éventail sur le bras de son gendre, en disant :

« Non, en vérité, mon cher docteur ; je vous prie de m’excuser si je reviens souvent sur ce sujet qui excite en moi des sentiments si vifs ; c’est une vraie monomanie de ma part, mais vous êtes une bénédiction pour nous tous. Votre mariage avec Annie a été le plus grand bonheur qui pût nous arriver.