Page:Dickens - David Copperfield, Hachette, 1894, tome 1.djvu/244

Cette page n’a pas encore été corrigée

— L’un ou l’autre ? Cela vous est indifférent ? demanda M. Wickfleld.

— Oui, repartit le docteur.

— Oui ? dit l’autre avec étonnement.

— Parfaitement indifférent.

— Vous n’avez point de motif, dit M.Wickfield, pour vouloir dire « à l’étranger, » et non « en Angleterre » ?

— Non, répondit le docteur.

— Je suis obligé de vous croire, et il va sans dire que je voua crois, dit M. Wickfield. La commission dont vous m’avez chargé est, en ce cas, beaucoup plus simple que je ne l’avais cru. Mais j’avoue que j’avais là-dessus des idées très-différentes. »

Le docteur Strong le regarda d’un air étonné, qui se termina presque aussitôt par un sourire, et ce sourire m’encouragea fort, car il respirait la bonté et la douceur, avec une simplicité qu’on retrouvait, du reste, dans toutes les manières du docteur, quand on avait brisé la glace formée par l’âge et de longues études, et cette simplicité était bien faite pour attirer et charmer un jeune élève comme moi. Le docteur marchait devant nous d’un pas rapide et inégal, tout en répétant oui, non, parfaitement, et autres brèves assurances sur le même sujet, tandis que nous marchions derrière lui et je remarquai que M. Wickfield avait pris un air grave et se parlait à lui-même en hochant la tête, croyant que je ne le voyais pas.

La salle d’étude était grande et reléguée dans un coin paisible de la maison, d’où l’on apercevait d’un côté une demi-douzaine de grandes urnes de pierre, et de l’autre un jardin bien retiré, appartenant au docteur ; on pouvait même distinguer de là les pêches qui mûrissaient sur un espalier exposé au midi. Il y avait aussi de grands aloës dans des caisses autour du gazon, et les feuilles roides et épaisses de cette plante sont restées associées depuis lors dans mon esprit avec l’idée du silence et de la retraite. Vingt-cinq élèves à peu près étaient occupés à étudier au moment de notre arrivée : tout le monde se leva pour dire bonjour au docteur, et resta debout en présence de M. Wickfield et de moi.

« Un nouvel élève, messieurs, dit le docteur : Trotwood Copperfield, »

Un jeune homme appelé Adams, qui était à la tête de la classe, quitta sa place pour me souhaiter la bienvenue. Sa cravate blanche lui donnait l’air d’un jeune ministre anglican, ce qui