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« Venez ici, quand on vous appelle, dit le chaudronnier, ou je vous tue sur place. »

Je pris le parti de m’approcher. En les examinant de plus près, et en regardant le chaudronnier pour essayer de l’attendrir, je m’aperçus que la femme avait un coup à la tête.

« Où allez-vous ? dit le chaudronnier en empoignant le devant de ma chemise de sa main noircie.

— Je vais à Douvres, dis-je.

D’où venez-vous ? me dit-il, en donnant un tour de main dans ma chemise, pour être plus sûr de ne pas me laisser échapper.

— Je viens de Londres.

— Pourquoi faire ? dit le chaudronnier N’êtes vous pas un petit filou ?

— Non.

— Ah ! vous ne voulez pas en convenir. Encore un non et je vous casse la tête ! »

Il fit avec la main qui était libre le geste de me frapper, puis il me regarda des pieds à la tête.

« Avez-vous sur vous le prix d’un pot de bière ? dit le chaudronnier ; en ce cas, donnez-le vite, avant que je vous le prenne. »

J’aurais certainement cédé si je n’avais pas rencontré le regard de la femme, qui me fit un signe de tête imperceptible, et je vis ses lèvres s’agiter comme pour me dire : Non. »

« Je suis très-pauvre, lui dis-je en essayant de sourire : je n’ai point d’argent.

— Allons ! qu’est-ce que cela signifie ? dit le chaudronnier en me regardant d’un air si farouche que je crus un moment qu’il voyait mon argent à travers ma poche.

— Monsieur… balbutiai-je.

— Qu’est-ce que cela veut dire ? reprit le chaudronnier, vous portez la cravate de soie de mon père. Ôtez cela, un peu vite,  » et il m’enleva la mienne en un tour de main, puis la jeta à la femme.

Elle se mit à rire, comme si elle prenait cela pour une plaisanterie, et me rejetant la cravate elle me fit un nouveau petit signe de tête et ses lèvres formèrent le mot : « Allez ! » Avant que je pusse obéir, le chaudronnier arracha la cravate de mes mains avec tant de brutalité qu’il me repoussa en arrière comme une feuille, la noua autour de son cou, puis se