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LE CRICRI DU FOYER.

sur la vérité, ne l’ai-je trompée depuis le berceau que pour finir par lui briser le cœur ! »

Il fut heureux pour tous que Dot, cette jolie Dot, cette diligente et active petite Dot — car elle l’était, quelles que fussent ses imperfections — quelque sentiment de haine que vous deviez éprouver pour elle quand vous saurez tout ; il fut heureux pour tous, dis-je, qu’elle fût là ; sans elle, il serait difficile de dire comment cela aurait fini. Mais Dot, recouvrant sa présence d’esprit, intervint avant que May eût répondu ou que Caleb eût prononcé un mot de plus.

« Venez, venez, chère Berthe, venez avec moi ! donnez-moi le bras, May. C’est bien. — Voyez comme elle est déjà plus calme, et que c’est aimable à elle de penser à nous, dit la gracieuse petite femme en baisant Berthe au front. — Venez, chère Berthe, venez. Et voici son excellent père qui vient avec nous. Vous venez, Caleb, n’est-ce pas ?… »

Bien ! fort bien ! C’était une noble petite femme dans ces occasions, et il aurait fallu avoir le cœur bien dur pour résister à son influence. Quand elle eut conduit hors de l’atelier Caleb et sa fille, afin qu’ils pussent se consoler l’un l’autre, sachant bien qu’ils ne pouvaient se consoler qu’ainsi, elle revint d’un pas léger, et aussi fraîche, comme on dit, qu’une marguerite. Je dirais plus fraîche, moi. Elle revint pour monter la garde auprès de ce petit personnage en gants et en bonnet, cette chère