Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
LE CRICRI DU FOYER.

endormi (et, chose étrange ! sans accident) dans une petite cabane garnie par Berthe ; bonjour ; le temps viendra, j’espère, mon garçon, où vous irez braver le froid et laisserez votre vieux père avec sa pipe et ses rhumatismes au coin de la cheminée. Eh ! où est Dot ?

— Me voici, John, dit-elle en tressaillant.

— Allons, allons, reprit John en frappant l’une contre l’autre ses mains retentissantes, la pipe ?

— J’avais tout-à-fait oublié la pipe, John. »

— Oublié la pipe !… a-t-on idée d’une chose pareille ? … elle avait oublié la pipe !…

« Je vais la garnir tout de suite. C’est bientôt fait. »

Mais ce ne fut pas sitôt fait non plus. La pipe était à sa place ordinaire, dans la poche de la redingote du voiturier, avec la petite blague, l’ouvrage de Dot, où elle prenait le tabac ; mais sa main était si tremblante qu’elle s’y embarrassa (cette petite main qui y entrait et en sortait si aisément). Méprises sur méprises ! elle s’acquitta très-maladroitement de ces petites fonctions pour lesquelles je vous ai tant vanté son adresse. Aussi, pendant qu’elle remplissait la pipe et l’allumait, Tackleton la regardait malicieusement avec son œil à demi-fermé, qui augmentait encore sa confusion chaque fois qu’il rencontrait les siens, c’est-à-dire qu’il la surprenait obliquement de sa fascination sinistre.

« Eh ! mon Dieu, Dot, quelle maladroite vous êtes,