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LE CRICRI DU FOYER.

main de May, elle pensait que M. Tackleton savait que malgré la mauvaise fortune, elle avait des prétentions à la noblesse, et que, si certaines circonstances, dépendant du commerce de l’indigo, dirait-elle encore, sans s’expliquer davantage, s’étaient passées différemment, elle serait peut-être très-riche. Mais pourquoi faire allusion au passé ? Aussi ne rappellerait-elle pas que sa fille avait d’abord rejeté l’offre de M. Tackleton et supprimerait-elle maintes autres choses… qu’elle raconta cependant. En résumé, son expérience et son observation lui avaient démontré que les mariages où il y avait le moins de ce qu’on appelle follement et romanesquement de l’amour étaient toujours les plus heureux. Elle espérait donc du mariage prochain de sa fille le plus de bonheur possible pour elle — non pas un bonheur exalté — mais l’article solide et durable. Elle conclut en informant la compagnie qu’elle avait surtout vécu dans l’attente du jour qui devait luire le lendemain, et qu’une fois ce jour passé, elle ne désirerait plus rien que d’être expédiée à n’importe quel agréable cimetière.

Comme ces remarques étaient tout-à-fait sans réplique, heureuse propriété de toute remarque générale et hors de propos, elles changèrent le cours de la conversation et ramenèrent l’attention au pâté de jambon et de veau, au gigot froid, aux pommes de terre et à la tarte. De peur que la bière en bouteille ne fût négligée,