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LE CRICRI DU FOYER.

role de qui on peut se fier comme à la parole d’un gentleman. J’ai eu une longue conversation avec lui ce matin ; il m’entend déjà mieux, dit-il, à ce qu’il assure, en devenant plus accoutumé à ma voix. Il m’a beaucoup parlé de lui-même, et je lui ai parlé de moi. Que de questions il m’a faites ! Je lui ai appris comme quoi j’avais deux chemins, vous savez, à servir avec ma voiture ; un jour allant par celui de droite et retour, un autre par celui de gauche, et il a voulu savoir les noms des endroits où je passe, ce qui l’a amusé, étant étranger. « Ainsi donc, m’a-t-il dit, je retournerai ce soir par le même chemin que vous, lorsque je croyais que vous reviendriez par le chemin exactement contraire. C’est excellent ! Je vous prierai encore une fois peut-être de vous charger de moi ; mais je vous promets de ne plus m’endormir si profondément. » C’est qu’il était en effet profondément endormi. — Dot, à quoi pensez-vous ?

— Je vous écoute… À quoi je pense, John ? Je…

— Ah ! très-bien, dit l’honnête voiturier. À l’air distrait de votre figure, j’avais peur d’avoir parlé si longuement que vous n’étiez plus à la conversation. »

Dot ne répondit plus, et ils continuèrent, pendant quelque temps à faire route en silence. Mais il n’était pas aisé de rester longtemps muet dans la voiture de John Peerybingle ; car on ne rencontrait personne qui n’eût quelque chose à dire, ne fût-ce que « comment allez-