Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.
63
LE CRICRI DU FOYER.

Elle n’oublie jamais, reprit Caleb ; c’est une de ses qualités.

— Chacun croit que ses oies sont des cygnes, remarqua le marchand de joujoux avec un mouvement d’épaules. Pauvre diable ! »

S’étant débarrassé de cette réflexion proverbiale avec un ineffable dédain, le vieux Gruff et Tackleton se retira.

Berthe resta où il l’avait laissée, perdue dans ses méditations. La gaîté avait disparu de son visage baissé, et elle était bien triste. Trois ou quatre fois, elle branla la tête comme si elle déplorait quelque souvenir ou quelque perte ; mais ses pensées mélancoliques ne trouvèrent aucun mot pour se révéler.

Caleb avait été occupé à atteler une paire de chevaux à un wagon par le procédé simplifié de clouer le harnais dans les parties vives de leurs corps. Tout-à-coup, elle s’approcha de son siège, et s’asseyant près de lui :

— Mon père, dit-elle, je suis seule dans les ténèbres, j’ai besoin de mes yeux, de mes yeux patients et complaisants.

— Les voici, dit Caleb, toujours prêts ; ils sont plus vôtres que miens, Berthe, n’importe à quelle heure des vingt-quatre. Que feront vos yeux pour vous, ma chère fille ?

— Regardez autour de la chambre, mon père.