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LE CRICRI DU FOYER.

une somme, quoiqu’il aimât l’argent, pour faire confectionner à son idée des scènes de lanterne magique où les anges des ténèbres étaient représentés sous la forme d’horribles homards à figure humaine. Au lieu de se décourager, il avait encore compromis un petit capital en exagérant des caricatures de géants. Sans être peintre lui-même, il pouvait indiquer ce genre de perfectionnement aux artistes qui travaillaient pour lui, et un morceau de craie lui suffisait pour ajouter aux traits d’un monstre en bois ou en carton un certain regard de malice qui frappait de terreur les jeunes générations de six à onze ans, pendant toutes les vacances de Noël.

Ce qu’il était en joujoux, il l’était aussi (comme la plupart des hommes) pour tout le reste. Vous pouvez donc facilement croire que sa grande redingote verte, boutonnée jusqu’au menton, protégeait contre le froid de l’hiver un homme extraordinairement désagréable. Non, jamais moins sociable compagnon n’était entré dans une paire de grosses bottes à revers couleur d’acajou, comme celles qui dérobaient aux yeux les jambes de M. Tackleton.

Et cependant M. Tackleton, le marchand de joujoux, allait se marier, — oui, se marier, en dépit de tout cela, et à une jeune femme, belle et jeune, qui plus est.

Il n’avait guère la tournure d’un fiancé pour ceux qui