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LES APPARITIONS DE NOËL.

une grille de fer. Il s’arrêta avant d’entrer : un cimetière !… Ici donc, sous quelques pieds de terre, était l’homme dont il voulait savoir le nom. Ce cimetière était entouré de maisons ; le gazon et les herbes sauvages y croissaient abondamment, végétation vigoureuse de la mort et non de la vie… les places y étaient serrées, et l’on aurait pu s’étonner d’y voir encore des fosses béantes : mais le cimetière est un gouffre insatiable.

L’Esprit, debout au milieu des tombes, en désigna une à Scrooge, qui s’en approcha tout en tremblant, car dans l’air toujours solennel de son guide, il lui semblait reconnaître une signification nouvelle.

« Avant que je fasse un pas de plus vers cette tombe, demanda Scrooge, répondez à une question : Ce que vous me montrez, est-ce l’image de ce qui doit être, ou seulement de ce qui peut être ? »

L’Esprit se contenta encore, pour toute réponse, d’indiquer la tombe près de laquelle ils se trouvaient.

« Dans le sentier où s’engage un homme, peut se projeter devant lui l’ombre du but où il doit arriver s’il y persévère ; mais s’il change de voie, le but changera. Apprenez-moi s’il en est ainsi pour ce que vous me montrez. »

L’Esprit demeura immobile avec le même geste.

Scrooge se pencha avec terreur sur la dalle funéraire, et, suivant de l’œil le doigt du fantôme, lut pour toute