Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/402

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
94
LES APPARITIONS DE NOËL.

çait de longs et de pénibles soucis, quoique jeune encore, avait en ce moment une expression remarquable ; il laissait voir une espèce de plaisir triste dont il se sentait honteux et qu’il cherchait à réprimer.

Il s’assit pour prendre le repas qui avait été tenu prêt pour son retour. « Quelle nouvelle ? » se hasarda à lui demander sa femme après un long silence d’hésitation.

Il parut embarrassé de répondre.

« Bonnes ou mauvaises ? dit-elle pour l’aider.

— Mauvaises ! répondit-il.

— Nous sommes tout-à-fait perdus ?

— Non, il y a encore de l’espoir, Caroline.

— S’il se radoucit, dit-elle étonnée, il y a de l’espoir sans doute ; oui, il y en a, après un tel miracle.

— Il n’a plus à se radoucir, Caroline ; il est mort. »

Elle était une créature douce et patiente, ou sa physionomie était bien trompeuse ; mais elle ne put s’empêcher de se réjouir au fond de son âme, et le déclara en joignant les mains. Le moment d’après, elle prononça une prière en demandant pardon au ciel d’avoir cédé à la première émotion de son cœur.

« Cette femme à demi-ivre ne m’avait dit que trop vrai hier au soir, lorsque j’avais essayé de le voir pour obtenir une semaine de délai. J’avais cru que c’était une excuse ; il était non-seulement très-malade, mais mourant.

— À qui sera transférée notre créance ?