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LES APPARITIONS DE NOËL.

qu’ils entrèrent dans la ville. Ce fut plutôt la ville qui parut venir à eux et les entourer de son propre mouvement. Ils parvinrent ainsi au milieu de la Bourse, parmi les groupes de marchands et d’agioteurs, les uns faisant tinter l’argent dans leurs poches, les autres regardant leurs montres ou jouant d’un air pensif avec leurs breloques, tels que Scrooge les avait vus si souvent.

L’Esprit s’arrêta à côté de quelques-uns qui causaient entre eux et les montra à Scrooge, qui s’approcha pour écouter. « Non, répondait un gros homme à double menton, je n’en sais pas davantage ; tout ce que je sais, c’est qu’il est mort.

— Depuis quand ? demanda un second.

— La nuit dernière, je crois.

— Comment ! il est mort ? je croyais, moi, qu’il ne mourrait jamais, dit un troisième prenant une énorme prise de tabac dans une vaste tabatière.

— Qu’a-t-il fait de son argent ? demanda un gentleman dont le nez était surmonté d’une excroissance assez semblable à la crête d’un coq d’Inde.

— Je ne sais trop, répondit en baillant l’homme au double menton ; tout ce que je sais, c’est qu’il ne me l’a pas laissé à moi. »

Cette plaisanterie provoqua un rire général.

« Ce sera probablement un enterrement à bon marché, dit le même interlocuteur. Qui voulez-vous qui