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LES APPARITIONS DE NOËL.

tenta d’incliner la tête : ce fut du moins ainsi que Scrooge interprêta un mouvement qu’il remarqua dans son capuchon.

Quoique commençant à s’habituer au commerce des Esprits, Scrooge éprouvait une telle terreur en présence de celui-ci, que ses jambes tremblaient sous lui et qu’il se sentit à peine la force de marcher, tout en se préparant à le suivre. L’Esprit s’arrêta un moment pour lui donner le temps de se remettre ; mais Scrooge sentait redoubler son horreur en pensant qu’à travers cette sombre enveloppe, des yeux se fixaient sur lui, tandis qu’il avait beau regarder il ne distinguait qu’une main de spectre et une masse noire.

« Esprit de l’avenir ! s’écria-t-il, je vous redoute plus qu’aucun des spectres que j’ai vus ; mais sachant que vous venez pour mon bien, et espérant vivre désormais tout autre que je n’étais, je suis préparé à vous accompagner avec un cœur reconnaissant. Ne me parlerez-vous pas ? »

Pas de réponse encore. La main seule lui fit signe de marcher.

« Précédez-moi, dit Scrooge, je vous prie ; la nuit avance, et je sais que le temps est précieux ; précédez-moi, Esprit. »

Le fantôme reprit sa marche solennelle ; Scrooge le suivit dans l’ombre de sa robe, et il lui sembla qu’il était transporté par elle. On ne pourrait pas dire précisément