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LES APPARITIONS DE NOËL.

ment quelques-unes de leurs hardes chez le prêteur sur gages ; mais ils étaient heureux, reconnaissants, charmés les uns des autres et contents de tout. Lorsqu’ils allèrent se coucher sous une pluie d’encens que l’Esprit fit descendre sur eux de sa torche magique, Scrooge les suivit tous de l’œil, et surtout Tiny Tim.

Pendant ce temps-là il se faisait nuit noire et la neige tombait à gros flocons ; cependant Scrooge et l’Esprit, en se retrouvant dans les rues, n’y rencontrèrent que des figures enchantées, des enfants allant au-devant de leurs grands parents, oncles, tantes, frères et sœurs ; des jeunes filles encapuchonnées et en souliers fourrés, jasant entre elles et se rendant d’un pied léger chez un proche voisin, où malheur aux célibataires qui voyaient venir ces sirènes… et elles s’en doutaient, les malignes filles. Ce spectacle, aperçu aux reflets qui s’échappaient de tous les foyers, de tous les fours, de toutes les cuisines, réjouissait l’Esprit, qui éparpillait les étincelles de sa torche sur les divers groupes et même sur les allumeurs de réverbères, qui riaient comme tout le monde, ce jour-là.

Tout-à-coup, sans que l’Esprit l’eût prévenu, ce fut au milieu d’une lande déserte que Scrooge se trouva transporté avec lui : vaste plaine parsemée de monstrueux tas de pierres comme si c’eût été un cimetière de géants : la dernière trace rougeâtre laissée par le soleil