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LES APPARITIONS DE NOËL.

— Il s’est comporté comme un ange, répondit Bob. Cet enfant est singulier, vraiment : il a les idées les plus curieuses. Il me disait en revenant qu’il espérait avoir été aperçu dans l’église, parce qu’il est estropié et que ce doit être surtout le jour de Noël que les chrétiens aiment à se rappeler celui qui faisait marcher les boiteux et voir les aveugles. »

La voix de Bob tremblait pendant qu’il disait cela, et elle trembla plus encore quand il ajouta que Tiny Tim se fortifiait.

On entendit retentir sa petite béquille sur le plancher, et Tiny rentra escorté par le petit frère et la petite sœur, qui le conduisirent à son escabelle près du feu. Bob alors, relevant ses manches, prit un citron, et avec de l’extrait de genièvre il composa une sauce piquante, puis il dit à maître Pierre et aux deux jeunes Cratchit d’aller chercher l’oie. — Ils revinrent bientôt en procession solennelle.

À l’émotion qui s’empara de toute cette famille, vous auriez pu croire qu’une oie est le plus rare des volatiles, un phénomène emplumé, auprès duquel un cygne noir serait un lieu commun… Hélas ! l’oie était réellement un oiseau rare dans cette maison. Mrs  Cratchit fit chauffer le jus de ce beau rôti, maître Pierre acheva de peler les pommes de terre, miss Belinda mit du sucre dans la sauce aux pommes, Martha essuya les assiettes tièdes, Bob assit Tiny Tim près de lui à l’un des coins de la table,