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LES APPARITIONS DE NOËL.

— Quelque chose, cependant, n’est-ce pas ? poursuivit l’Esprit en insistant.

— Non, dit Scrooge, non. J’aimerais à pouvoir dire un mot à mon commis, voilà tout »

Son autre lui-même éteignit les lampes au moment où il exprimait ce désir ; Scrooge et l’Esprit se retrouvèrent de nouveau tous les deux en plein air.

« Le temps presse, remarqua l’Esprit, vite. »

Ceci ne s’adressait pas à Scrooge ou à personne qu’il put voir ; mais l’effet produit fut immédiat, car Scrooge se revit tout à coup lui-même. Il avait vieilli : il était un homme d’âge mûr : son visage n’avait pas les traits durs de son âge actuel, mais on y remarquait déjà quelques-unes des rides du souci et de l’avarice. Il y avait dans son regard un mouvement continuel, indice dénonciateur de la passion qui avait jeté en lui ses racines. Il n’était pas seul, mais assis à côté d’une belle jeune fille vêtue de deuil, dont l’œil était rempli de larmes qui brillaient à la lueur que projetait l’Esprit de Noël passé.

« Peu vous importe : oui, à vous très-peu vous importe, disait-elle ; une autre idole m’a remplacée, et si elle peut vous consoler un jour comme j’aurais essayé de le faire, je n’aurai pas de raison pour m’affliger.

— Quelle idole vous a remplacée ? répondait-il.

— Une idole d’or.

— Voilà bien le jugement du monde ! il n’est rien