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LES APPARITIONS DE NOËL.

Scrooge avait souvent ouï dire que Marley n’avait pas d’entrailles ; il ne l’avait jamais cru jusque-là.

Non, non, il ne le croyait pas même encore, quoique le fantôme fût là devant lui ; quoiqu’il sentît l’influence de ses yeux glacés par la mort ; quoiqu’il examinât jusqu’au tissu du mouchoir qui lui entourait la tête et le menton… Il était encore incrédule et doutait de ses sens.

« Eh bien, voyons ! dit Scrooge, caustique et indifférent comme toujours ; que désirez-vous de moi ?

— Beaucoup de choses. » C’était bien la voix de Marley.

« Qui êtes-vous ?

— Demandez-moi qui j’étais.

— Qui étiez-vous donc ? demanda Scrooge élevant la voix, puisque vous êtes si pointilleux.

— Dans ce monde, j’étais votre associé, Jacob Marley.

— Pouvez-vous… pouvez-vous vous asseoir ? poursuivit Scrooge avec un air de doute.

— Je le puis.

— Faites-le donc. »

Scrooge lui avait adressé cette question, parce qu’il ne savait pas si un fantôme si transparent pourrait se trouver en état de prendre une chaise, et il sentait que, dans la négative, il en résulterait la nécessité d’une explication embarrassante ; mais le fantôme s’assit de l’au-