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LES APPARITIONS DE NOËL.

« Et cependant, continua Scrooge, vous ne pensez pas que je doive me plaindre lorsque je vous paye un jour de salaire pour ne rien faire du tout. -»

Le commis hasarda la remarque que cela n’arrivait qu’une fois l’an.

« Triste excuse pour mettre à contribution la poche d’un homme toutes les fois que revient le 25 décembre, dit Scrooge, boutonnant sa redingote jusqu’au menton ; mais je suppose qu’il vous faut tout le jour ; soyez du moins ici de meilleure heure après-demain matin. »

Le commis le promit, et Scrooge sortit non sans un grognement. Le comptoir fut fermé en un clin-d’œil, et le commis ayant croisé les deux bouts de son long cache-nez blanc, qui ondulèrent jusque sur son gilet (car il n’avait pas de redingote), se dirigea vers Cornhill, d’où il gagna en courant son domicile de Camden-Town.

Scrooge fit son triste dîner dans sa triste taverne d’usage. Ayant lu tous les journaux et abrégé le reste de la soirée en examinant son carnet d’échéances, il rentra chez lui pour se coucher. Il habitait un appartement où avait vécu jadis son associé défunt ; c’était une enfilade de sombres pièces dans un bâtiment solitaire qu’on eût dit oublié au fond d’une cour, vieille maison où personne ne couchait que Scrooge ; tous les autres appartements étaient des bureaux, des comptoirs ou des magasins. La cour était si obscure que Scrooge