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LES APPARITIONS DE NOEL.

frappé par le triste événement qu’il ne se montrât encore un habile homme d’affaires le jour même des obsèques : — il les solennisa par la conclusion d’un excellent marché.

Je répète donc que Marley était mort, et je le répète, parce que sans ce point de départ, bien compris de tous, il n’y aurait rien de merveilleux dans mon histoire. Si vous n’étiez parfaitement convaincu que le père d’Hamlet est mort quand la pièce commence, qu’y aurait-il de surprenant à voir le feu roi de Danemark se promener le soir sur les remparts de sa capitale ?

Scrooge n’effaça jamais le nom du vieux Marley de son enseigne. Ce nom était encore peint plusieurs années après au-dessus de la porte du magasin : scrooge et marley. La signature connue de la maison était Scrooge et Marley. Tantôt ceux qui traitaient avec Scrooge pour la première fois appelaient Scrooge, Scrooge, et tantôt ils l’appelaient Marley ; mais il répondait aux deux noms : cela lui était égal.

Ah ! c’était un compère à la main serrée que Scrooge, cupide, avare, et sachant exprimer jusqu’à la dernière goutte d’une éponge ; un cœur dur comme caillou, un vieux pécheur madré, retors, discret, mystérieux, et renfermé en lui-même comme l’huître sur son rocher. On devinait toute la froideur de son âme à sa taille raide, à son nez effilé, à ses joues sèches, à ses yeux bordés d’un cercle rouge, à son menton pointu, à ses