moire. Nous ne pensions guère alors, ajouta-t-il en promenant son regard autour de la chambre, nous ne pensions guère que nous nous retrouverions ainsi. Votre enfant, Marguerite ? laissez-le-moi tenir dans mes bras ; laissez-moi tenir votre enfant. »
Il mit son chapeau par terre, prit l’enfant, et en le prenant trembla de la tête aux pieds.
« Est-ce une fille ?
— Oui. »
Il mit une main sur ce petit visage.
« Voyez combien je suis devenu faible, Marguerite, puisque je n’ai pas le courage de la regarder ; laissez-la-moi encore un moment, je ne lui ferai point mal. Voilà bien longtemps, mais… quel est son nom ?
— Marguerite, répondit-elle vivement.
— Je suis charmé de cela, dit-il, j’en suis charmé. »
Il sembla respirer plus librement, et après un court intervalle retira sa main pour regarder la figure de l’enfant, mais pour la remettre aussitôt.
« Marguerite ! dit-il, et en lui rendant l’enfant il ajouta : C’est la figure de Lilian.
— De Lilian !
— J’ai tenu la même créature dans mes bras le jour où la mère de Lilian mourut et la laissa orpheline.
— Lorsque la mère de Lilian mourut et la laissa !… répéta-t-elle avec une étrange émotion.