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LES CARILLONS.

tuaire, Meg laissée seule dans la chambre avec son enfant. Il entendit l’enfant gémir et pleurer ; il le vit la tourmenter, l’excéder, et lorsqu’elle tombait dans un sommeil d’épuisement, la réveiller soudain, l’attirer à lui, et avec ses petites mains la torturer encore ; mais elle ne se lassait pas de lui prodiguer ses soins, ses caresses, sa patience. Sa patience ! n’était-elle pas sa mère, sa tendre mère ? n’était-il pas encore une partie d’elle-même, comme lorsqu’elle le portait dans son sein ?

Cependant elle était livrée à la misère, mourant de langueur, de souffrance et de privations. L’enfant dans ses bras, elle se mit à errer çà et là, demandant de l’ouvrage, sans quitter un moment le pâle nourrisson qui sommeillait sur ses genoux ou fixait ses yeux sur les siens ; elle acceptait toute espèce de travail pour la plus misérable somme, un jour et une nuit de travail pour autant de liards qu’il y a de chiffres sur le cadran. Quoi ! jamais aucun reproche n’échappa à ses lèvres ! jamais elle ne négligea son enfant, jamais elle ne lui adressa un regard de colère ! … et si dans un instant de délire elle l’avait frappé ! … non, non, jamais ! Trotty se rassurait en voyant qu’elle l’aimait toujours.

Elle ne confiait à personne sa détresse, et s’en allait errer pendant le jour, de peur d’être questionnée par son unique amie, car tous les secours qu’elle recevait des mains de celle-ci provoquaient de nouvelles dis-