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LES CARILLONS.


« Parlé-je ainsi pour plaider ma cause ? s’écria Fern. Qui peut me rendre ma liberté ? Qui peut me rendre ma bonne réputation ? Qui peut me rendre mon innocente nièce ? Ce ne sont ni les lords ni les ladies de l’Angleterre ; mais, messieurs, messieurs, en vous occupant de ceux qui sont comme moi, commencez par où il faut commencer. Que votre bienfaisance nous donne de meilleures demeures lorsque nous sommes dans nos berceaux, de meilleurs aliments lorsque nous travaillons pour vivre, des lois plus indulgentes pour nous ramener lorsque nous sortons du droit chemin, et ne mettez pas sans cesse une prison devant nous… à chaque pas une prison. Vous ne pourrez alors avoir aucuns bons procédés pour le travailleur qu’il ne les accepte avec empressement et reconnaissance, car le travailleur a le cœur droit : il est patient et pacifique. Mais il faut d’abord diriger sa droiture naturelle ; car si vous attendez qu’il soit perdu et ruiné comme moi ou comme un de ceux qui sont ici, son cœur est déjà loin de vous. Ramenez-le, gens riches, ramenez-le ! Ramenez-le avant que, sa Bible même n’ayant plus le même sens pour son esprit aliéné, les mots lui disent le contraire de ce qu’ils vous disent à vous ; et c’est ainsi qu’en prison j’ai souvent cru lire : — Partout où tu iras, je ne puis aller ; partout où tu habiteras, je n’habiterai pas ; ton peuple ne sera pas mon peuple ; ni ton Dieu mon Dieu. »

Une agitation soudaine éclata dans la salle. Trotty.