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LES CARILLONS.

bien ; la plainte commune… Dieu nous bénisse ! nous sommes au courant de ces choses-là — moi et la nature humaine. »

« Maintenant, messieurs, reprit Will Fera en gesticulant et avec une rougeur momentanée sur son pâle visage, voici comment nous sommes traqués et poursuivis par vos lois quand nous en sommes réduits là : j’essaie d’aller vivre ailleurs, et je suis un vagabond… en prison ! … Je reviens ici. Je vais dans le bois cueillir quelques noisettes, et je casse, sans le vouloir, une petite branche ou deux… en prison ! … Un de vos garde-chasse m’aperçoit en plein jour un fusil à la main, près de mon morceau de jardin… en prison ! … Je me laisse aller naturellement à quelque expression de colère contre cet homme, lorsque je suis relâché… en prison ! … Je coupe un bâton… en prison ! … Je ramasse et mange une pomme pourrie ou un navet… en prison !… Quand je sors, j’ai à faire une marche de vingt milles, j’ai faim et je tends la main à un passant sur la route… en prison ! … Enfin, le constable, le garde-chasse, n’importe qui, me rencontre n’importe où, faisant n’importe quoi ! en prison en prison ! car c’est un vagabond, un gibier de prison, et la prison est sa seule demeure. »

L’alderman fit encore ici un hochement de tête significatif comme pour dire : « Une excellente demeure, certainement ! »