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LES CARILLONS.

la consoler et lui prêter appui ! je ne vois pas Richard. »

On avait prononcé des discours ; on avait proposé la santé de lady Bowley ; sir Joseph Bowley avait remercié ; il avait fait sa grande harangue en démontrant jusqu’à l’évidence qu’il était l’Ami, le Père des Pauvres ; il avait proposé pour toast : « À ses amis et à ses enfants ! à la dignité du travail ! … » soudain un léger trouble se manifesta au bout de la table. L’attention de Trotty fut appelée de ce côté. Après un moment de confusion, de bruit et de résistance, un homme se fit faire place et s’avança seul.

Ce n’était pas Richard. Non ; mais quelqu’un à qui Trotty avait pensé aussi et qu’il avait cherché plus d’une fois des yeux. Dans une salle moins bien éclairée, il aurait pu douter de l’identité de cet homme si épuisé, si courbé, si vieilli ; mais avec le torrent de lumières qui rayonnait sur cette tête blanchie, sur ces traits ridés, Trotty reconnut tout d’abord Will Fern.

« Qu’est-ce donc ? s’écria sir Joseph en se levant. Qui a fait entrer cet homme ? c’est un criminel échappé de prison. Fish, monsieur Fish, voulez-vous avoir la bonté…

— Une minute, dit Will Fern, une minute ! Madame, vous êtes née à pareil jour, le jour du nouvel an. Je vous demande de m’obtenir une minute pour me faire entendre. »