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LES CARILLONS.

« Si vous saviez, répondit-il en joignant les mains, ou peut-être le savez-vous… si vous saviez combien de fois vous m’avez tenu compagnie ; combien de fois vous m’avez consolé quand j’étais découragé, et comment vous étiez le joujou de ma petite Meg… presque le seul qu’elle eût… depuis le soir où sa mère mourut et nous laissa seuls, elle et moi… Non, vous ne me garderiez pas rancune pour un mot prononcé à la légère. »

La grosse Cloche lui dit :

« Supposer qu’une seule note de nos carillons exprime l’indifférence ou le mépris pour aucune des espérances ou des consolations de la classe malheureuse, pour aucune de ses peines ou pour aucun de ses plaisirs ! … Interpréter notre voix comme une réponse approbative à tous ces systèmes, mesurant les passions et les affections humaines comme ils calculent le total des misérables provisions alimentaires qui servent à entretenir la vie pénible et languissante de l’humanité ! … Supposer ainsi, interpréter ainsi… c’est nous faire injure, et c’est l’injure que tu nous as faite.

— Je le confesse, dit Trotty, oh ! pardonnez-moi.

— Oser faire de nous l’écho des vers rampants de la terre ! poursuivit le fantôme… oser nous confondre avec les gens toujours prêts à supprimer ces natures souffrantes destinées à s’élever un jour plus haut que ne sauraient le concevoir ces vers du Temps en s’agitant