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LES CARILLONS.

nom, répondit Trotty, levant les mains dans une attitude suppliante. Je ne sais trop comment je suis ici, ni comment j’y suis venu. Voici bien des années que j’écoute les cloches qui m’ont souvent réjoui le cœur.

— Et les as-tu remerciées ? demanda l’Esprit de la grosse cloche.

— Mille et mille fois ! s’écria Trotty.

— Comment ?

— Je ne suis qu’un pauvre homme, bégaya Trotty, et je ne pouvais les remercier qu’en paroles.

— Et l’as-tu toujours fait ? ne nous as-tu jamais fait tort en paroles ? demanda encore la grosse cloche.

— Non, s’écria Trotty vivement.

— Tu n’as jamais nui à notre bonne réputation par des paroles mensongères, injustes, malveillantes ? »

Trotty allait répondre : « jamais ! » lorsqu’il s’arrêta tout confus.

« La voix du Temps, dit le fantôme, crie à l’homme : « avance. » Le Temps lui fut donné pour son progrès et son perfectionnement ; pour l’accroissement de son mérite, de son bonheur, de son bien-être dans la vie ; pour sa marche en avant vers le but placé visiblement à sa portée, dans les limites auxquelles est bornée sa carrière, comme celle du Temps, la même pour tous deux depuis que le Temps et lui la commencèrent ensemble. Des siècles de ténèbres, d’injustice et de violence se sont succédé ; des infortunés comptés par millions, ont