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LES CARILLONS.

pation. Il fut surtout frappé par le récit (ce n’était pas le premier de ce genre) que faisait le journal d’une femme qui avait, non-seulement porté ses mains désespérées sur elle-même, mais encore sur son propre enfant ; — crime si horrible pour l’âme de ce pauvre père si rempli de l’amour de sa chère Meg, que ses doigts laissèrent échapper la feuille, et il se renversa sur le des de sa chaise, tout épouvanté.

« Mère cruelle et dénaturée ! s’écria Toby, — cruelle et dénaturée ! de tels actes ne peuvent être commis que par des êtres essentiellement dépravés, nés méchants, qui n’avaient rien à faire sur la terre. On me l’a dit aujourd’hui encore, et ce n’est que trop vrai, trop évident : nous sommes mauvais. »

Les cloches tintèrent si soudainement pour lui répondre, d’une voix si claire et si sonore, qu’il en fut saisi. — Et que lui disaient-elles ?

« Toby Veck, Toby Veck, nous t’attendons ; Toby Veck, Toby Veck, nous t’attendons, ding dong ! Viens, Toby, viens à nous donc, ding, dong ! Qu’on nous l’amène, qu’on l’entraîne, réveillez-le, réveillez-le donc, ding, dong. Toby Veck, Toby Veck, la porte est ouverte ! grande ouverte. Toby Veck, viens donc, ding, dong ! » C’était un carillon impétueux, irrésistible, qui ébranlait le plâtre et les briques de la muraille.

Toby écoutait. Il écoutait de toutes ses oreilles et de toute son imagination. Était-ce le remords d’avoir dé-