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LES CARILLONS.

le pauvre Trotty enfonça son vieux chapeau usé sur son front, comme pour cacher le chagrin qu’il éprouvait de ne prévoir aucune bonne chance pour le nouvel an.

En passant près de la vieille église il ne leva même pas les yeux pour regarder le vieux clocher. Il ne s’arrêta là qu’un moment par habitude, et comprit par instinct plutôt que par réflexion, qu’il se faisait nuit, et que les cloches, suspendues dans le crépuscule, allaient bientôt sonner. Il se souvint qu’à cette heure surtout elles parlaient à son imagination, comme des voix dans les nuages ; mais il n’en trotta que plus vite pour aller remettre la lettre à l’alderman ; il avait peur de les entendre ; il craignait qu’elles ne lui chantassent sur le dernier air : Amis et frères, amis et pères.

Trotty se hâta donc de remplir sa commission et de rentrer chez lui ; mais en trottant avec son pas embarrassé et son chapeau sur les yeux, il ne tarda pas à aller se heurter contre une personne qui venait à lui de l’extrémité opposée de la rue et qui faillit le renverser.

« Je vous demande bien pardon, dit Trotty, ôtant son chapeau d’un air confus, mais sans se découvrir, car sa tête resta comme dans une espèce de ruche entre la forme et la coiffe déchirée de son couvre-chef ; pardon ; j’espère que je ne vous ai pas fait mal. »

Toby n’était pas un Samson si terrible qu’il pût faire mal à quelqu’un, sans se faire encore plus mal à lui-même, et en effet, il avait rebondi comme un volant sur