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LES CARILLONS.

clin et se résignait à mourir en paix. Trotty aurait pu lire l’allégorie du pauvre dans l’année mourante, mais ce n’était pas le moment.

Et, était-il le seul ? ou serait-il vrai que son histoire serait celle de tout Anglais de la classe ouvrière depuis soixante-dix ans ?

Les rues étaient pleines de mouvement, et les boutiques élégamment décorées. Le nouvel an, comme l’héritier enfant de l’univers, était attendu avec des sourires, des présents et des réjouissances. Il y avait des livres et des joujoux pour le nouvel an, des parures pour le nouvel an, des joyaux étincelants pour le nouvel an, des plans de fortune pour le nouvel an, et toutes sortes d’inventions nouvelles pour l’amuser. Son existence était découpée en almanachs et en portefeuilles ; l’époque de ses lunes, de ses astres, de ses marées, était connue d’avance ; toutes les vicissitudes de ses saisons, pendant la nuit et le jour, étaient calculées avec autant de précision que les chiffres statistiques de M. Filer.

Le nouvel an, le nouvel an, partout le nouvel an ! La vieille année était déjà regardée comme morte, et ses effets se vendaient à bas prix, comme ceux d’un matelot noyé. Ses modes étaient celles de l’année dernière, et l’on s’en défaisait au rabais avant qu’elle fût expirée. Ses trésors n’étaient plus que de la boue à côté des richesses de son successeur encore à naître.