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LE CRICRI DU FOYER.

ses mains glacées devant le feu, ce n’est pas précisément un temps d’été. Il n’y a donc rien d’étonnant.

— Je vous prie, John, de ne pas m’appeler Dot ; je n’aime pas ce surnom, dit Mrs  Peerybingle, faisant une moue qui montrait clairement qu’elle l’aimait, au contraire, beaucoup.

— Eh ! qu’êtes-vous donc ? » reprit John en laissant tomber sur elle un sourire, et étreignant sa jolie taille aussi légèrement qu’il pouvait le faire avec sa large main et son robuste bras. « Qu’êtes-vous, sinon un point sur… (Ici il regarda l’enfant.) Non, je ne dirai rien de plus, de peur de gâter ce que j’allais dire : mais j’étais bien près de faire un bon mot… Je ne sais si jamais je fus plus près d’en faire un[1].

C’était la manie de John d’être toujours sur le point de dire quelque chose de très-ingénieux et de s’interrompre modestement ; ce lourd, lent et honnête John ; ce John à la fois si pesant et si léger d’esprit, si rude d’écorce et si tendre de cœur, si engourdi au dehors, si vif au dedans, si raboteux et si doux. Ô mère nature ! daigne donner à tes enfants cette véritable poésie du cœur que possédait ce pauvre voiturier — car ce n’était

  1. Dot, signifie, dans son sens propre, un point. John Perrybingle laisse deviner dans le texte un calembour intraduisible et dont nous ne chercherons pas l’équivalent, puisqu’il ne l’achève pas, selon son habitude. C’est ici le cas où un traducteur peut se dispenser de mettre les points sur les i, comme John.