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LES CARILLONS.

Le monsieur ne spécifia pas à quel siècle particulier il faisait allusion ; ne disant pas non plus si en faisant tant d’objections contre le siècle présent, il parlait avec la conscience désintéressée d’un homme qui reconnaissait que ce siècle n’avait rien fait de remarquable en le produisant lui-même.

« Le bon vieux temps, le bon vieux temps, répéta le monsieur, quel temps c’était ! c’était le vrai temps, le seul. À quoi sert de parler d’un autre temps ou de discuter ce qu’est le peuple dans ce temps-ci ? Ce n’est pas un temps que le nôtre. Qu’en dites-vous ? je dis non, moi. Regardez le recueil des costumes anglais de Strutt, et voyez ce qu’était un commissionnaire sous le règne de n’importe quel roi du bon vieux temps. Le plus heureux…

— Il n’avait pas, répondit M. Filer, non, il n’avait pas une chemise sur le dos ni un bas aux pieds ; aucun légume ne sortait de terre pour lui qu’il pût mettre sous la dent. Je puis le prouver par des tableaux statistiques. »

Malgré cette réplique, le monsieur à la figure rouge continua de vanter le bon vieux temps, le grand, le noble vieux temps. Sans s’inquiéter de ce qu’on pouvait dire, il allait toujours tournant et retournant dans un cercle de phrases, comme le pauvre écureuil tourne et retourne dans sa cage : l’animal ayant sur le mécanisme