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LES CARILLONS.

trompait pas, qui savait lire dans le cœur des gens et qui connaissait son monde, certes…

« Mais qui mange de la tripe ? poursuivit Filer, promenant son regard autour de lui. La tripe est sans contredit le moins économique de tous les articles de consommation que puissent produire les marchés de ce pays, celui qui donne le plus de déchet. La perte sur une livre de tripes qu’on fait bouillir, s’est trouvée être des sept huitièmes d’un cinquième plus considérable que la perte que fait supporter toute autre substance animale. La tripe est plus dispendieuse, proportionnellement, que l’ananas de serre chaude. Si on tient compte du nombre d’animaux abattus annuellement, et si on estime au plus bas la quantité de tripes que donneraient les carcasses de ces animaux expédiés raisonnablement par la boucherie, on trouve que le déchet sur cette quantité de tripes soumises à la cuisson, approvisionnerait une garnison de cinq cents hommes pendant cinq mois de trente et un jours, plus le mois de février. Quelle perte ! quelle perte ! »

À ces mots, Trotty, l’air effaré, chancelant sur ses jambes, avait l’air d’un homme qui aurait de sa propre main affamé une garnison de cinq cents hommes.

« Qui mange des tripes ? répéta M. Filer avec chaleur, qui mange des tripes ? »

Trotty salua avec une mine misérable.

« C’est vous ! vous ? dit M. Filer. Alors je vous ap-