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LES CARILLONS.

tite part, et quelquefois je pense que nous ne sommes que des intrus ; quelquefois enfin je m’embrouille tellement, que je ne saurais dire si nous sommes nés avec quelques bonnes qualités ou tout-à-fait méchants. Nous semblons faire de terribles choses ; nous semblons causer bien de l’inquiétude ; on se plaint toujours de nous ; on se met sans cesse en garde contre nous ; d’une manière ou d’une autre, nous remplissons les papiers publics. Qu’on vienne me parler du nouvel an ! ajouta Toby mélancoliquement. J’en puis endurer autant qu’un autre, et la plupart du temps, beaucoup plus que bien d’autres, car je suis aussi fort qu’un lion, et tous les hommes ne le sont pas. Mais supposer que nous n’avons réellement aucun droit au nouvel an, — supposer que nous sommes réellement des intrus !…

— Eh ! père, père ! » répéta la voix douce.

Toby l’entendit cette fois, tressaillit, s’arrêta, et, raccourcissant son rayon visuel qui se dirigeait au loin dans l’année prochaine, comme pour y chercher quelque encouragement, il se trouva face à face avec sa propre fille, dont ses yeux rencontrèrent les yeux. Et c’étaient de beaux yeux… de ces yeux qui disent tant de choses à la pensée ; des yeux noirs qui réfléchissaient les yeux qui voulaient les sonder ; non de ces yeux qui vous éblouissent par leur éclair, mais de ceux qui brillent d’un éclat calme et clair, pur et doux, émanation de la lumière née dans le ciel ; des yeux qui