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LES CARILLONS.

avaient la raideur de deux baguettes de tambour : évidemment il éprouvait toutes les angoisses du froid. « L’heure du dîner, eh ! » répéta Toby se servant de sa mitaine de la main droite, comme eût fait un enfant d’un petit gant de boxeur pour punir son estomac de s’être aussi laissé refroidir. « Ah ! »

Après quoi il se mit à trotter pendant une minute ou deux silencieusement.

« Ce n’est rien, » dit Toby se parlant encore à lui-même ; mais ici il s’arrêta tout court dans son trot et son soliloque, se tâtant le nez avec un air de vive préoccupation et d’alarme, ce qui fut bientôt fait, vu l’exiguïté de l’organe. « Ma foi, je le croyais parti, dit-il en se remettant à trotter ; allons, tout va bien. Dieu merci ; mais je ne saurais trop que dire s’il partait réellement. Son service n’est pas des plus agréables par cette saison rigoureuse. Et que lui revient-il ? pas grand’chose, — puisque je ne prends pas de tabac ; et par les meilleurs temps, c’est encore une créature bien éprouvée que mon pauvre nez, car lorsqu’il lui arrive par hasard d’aspirer quelque fumet, c’est généralement celui du dîner d’autrui, revenant du four du boulanger. »

Cette réflexion lui rappela l’autre qu’il avait interrompue.

« Il n’y a rien, dit Toby, qui revienne plus régulièrement que l’heure du dîner, et rien de moins régulier que le dîner lui-même ; c’est la grande différence qu’il y