Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
LES CARILLONS.

Ainsi donc, alors même qu’il sortait de sa niche pour se réchauffer un jour de pluie, Toby trottait, traçant avec ses souliers troués une ligne en zigzag d’empreintes gâcheuses dans la boue, et soufflant sur ses mains glacées en les frottant l’une contre l’autre, car elles étaient pauvrement protégées contre l’air glacial par des mitaines en fil de coton où le pouce avait seul son compartiment, laissant les autres doigts dans une poche commune. Toby trottait, les genoux ployés, sa canne sous le bras, et se détournant de sa route pour regarder le beffroi quand les cloches faisaient retentir leur carillon.

Toby recommençait cette dernière excursion plusieurs fois le jour, car les cloches étaient une société pour lui, et lorsqu’il entendait leur voix, il regardait avec intérêt leur loge aérienne, pensant à l’impulsion qui les mettait en branle et aux marteaux qui frappaient sur leur métal sonore. Peut-être était-il d’autant plus curieux de tout ce qui concernait ces cloches, qu’il y avait certains points de ressemblance entre elles et lui : elles étaient là suspendues par tous les temps, exposées au vent et à la pluie, n’apercevant que le dehors de toutes les maisons, ne s’approchant jamais de la flamme du foyer qui se reflétait sur les carreaux de fenêtres ou s’échappait par les tuyaux de cheminées, exclues de toute participation aux plats savoureux qui passaient sans cesse par les portes des rôtisseurs à celles des cui-