Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.
7
LE CRICRI DU FOYER.

n’était pas sans raison qu’il avait tressailli et frissonné, car ces squelettes d’horloges sont bien faits pour épouvanter par leurs mécaniques à jour : je m’étonne comment il s’est trouvé des hommes et surtout des Hollandais pour les inventer ; car on dit populairement que les Hollandais aiment à mettre leurs parties inférieures dans de larges pantalons… ils devraient certes bien ne pas laisser ainsi à découvert et sans protection les rouages de leurs horloges.

Or, ce fut là le moment, remarquez-le, où la Bouilloire commença la soirée. Ce fut le moment où la Bouilloire, devenue tendre et musicale, commença à avoir des glouglous invincibles dans la gorge, et à se permettre de courtes vocalises, arrêtées à la première note, comme si elle n’était pas encore bien résolue à être de bonne compagnie. Ce fut le moment où, après quelques vains efforts pour étouffer ses sentiments généreux, elle écarta toute humeur chagrine, toute sotte réserve, et fit éclater son chant si franc, si allègre, que jamais rossignol enivré de sa voix n’en eut la moindre idée.

Ce chant si simple ! Dieu merci, vous l’auriez compris comme un livre — mieux peut-être que certains livres que vous et moi nous pourrions nommer ! — Exhalant son souffle dans un léger nuage qui montait gracieusement à quelques pieds de haut et s’épaississait sous le manteau de la cheminée comme dans un petit ciel domestique, la Bouilloire fredonnait sa musique