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LE CRICRI DU FOYER.

ses coudes, saupoudrant l’habit de son mari, car chaque fois qu’il passait près d’elle, elle l’arrêtait, pour lui donner un baiser. Ce brave garçon lava les légumes, ratissa les navets, brisa les assiettes, renversa des marmites pleines d’eau froide sur le feu et se rendit utile de toutes les façons. Deux aides cuisinières, recrutées à la hâte dans le voisinage, comme s’il s’agissait de la vie et de la mort, couraient l’une contre l’autre, se heurtant sur chaque seuil de porte et dans tous les coins. Tout le monde enfin rencontrait partout Tilly Slowboy et le poupon. Jamais Tilly n’avait déployé tant d’activité. Son ubiquité était le texte de l’admiration générale. Elle était dans le corridor à deux heures vingt-cinq minutes, dans la cuisine à deux heures précises, dans le grenier à deux heures trente-cinq, s’exposant à être prise tour-à-tour pour une grosse pierre, une trappe et un trébuchet. Dans ses bras la tête du poupon se trouva en contact avec toutes sortes de matières, animales, végétales et minérales. Il n’y eut rien de ce qui servit ce jour-là à l’usage de la maison qui ne fît connaissance avec cette pierre de touche.

Puis on mit sur pied une grande expédition pour aller chercher Mrs Fielding, exprimer de touchants regrets à cette excellente dame et la ramener par force, s’il le fallait, pour la rendre heureuse et clémente. Quand l’expédition la découvrit, elle ne voulait d’abord rien entendre, mais elle répéta, je ne sais combien de fois, qu’elle aurait voulu ne pas vivre pour voir un pa-