Page:Dickens - Cri-cri du foyer, traduction Pichot, 1847.djvu/140

Cette page a été validée par deux contributeurs.
132
LE CRICRI DU FOYER.

détourner sa petite bouche vermeille, lorsqu’il lui appliqua un bon baiser sur les lèvres, et la pressa sur son cœur ému.

Mais honneur au coucou aussi… oui, honneur à lui, car il s’élança comme un voleur, faisant effraction à travers la porte-trappe du palais moresque, et salua douze fois de son hoquet tous ceux qui étaient présents, comme s’il était ivre de joie !

John entra, recula en tressaillant… et il pouvait bien tressaillir… de se trouver en si bonne compagnie.

« Regardez, John, dit Caleb avec transport, regardez par ici… mon fils des Amériques d’or, mon fils ! celui que vous aviez équipé et embarqué vous-même, celui pour qui vous avez toujours été un si bon ami. »

John s’avança pour lui donner la main, mais il recula encore, en reconnaissant dans son visage des traits qui lui rappelaient le sourd de la voiture.

« Édouard, était-ce vous ?

— Maintenant dites-lui tout, s’écria Dot ; dites-lui tout, Édouard, et ne m’épargnez pas, car je ne m’épargnerai pas moi-même, non, pour rien au monde.

— C’était moi, dit Édouard.

— Et vous avez pu vous introduire déguisé dans la maison de votre vieil ami, reprit le voiturier. Il exista autrefois un loyal garçon… Combien d’années y a-t-il, Caleb, qu’on nous apprit qu’il était mort, et que nous crûmes en avoir la preuve ?… un loyal garçon qui n’eût jamais fait cela.