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LE CRICRI DU FOYER.

« Oui, en effet, ce sont des roues, s’écria-t-elle, des roues qui viennent, qui approchent, qui arrivent, et les voilà qui s’arrêtent, entendez-vous ? à la porte du jardin… et ce pas de l’autre côté de la porte, l’entendez-vous aussi ? le même pas que hier, Berthe ; ne le reconnaissez-vous pas ? Et maintenant… »

Dot n’acheva pas, mais poussa un cri de joie, un de ces cris dont rien ne pourrait contenir l’explosion, et courant à Caleb, elle lui mit la main sur les yeux, au moment où un jeune homme entrait précipitamment dans la chambre et faisait voler son chapeau en l’air.

« Est-ce fini ? lui cria Dot.

— Oui.

— Heureusement fini ?

— Oui !

— Reconnaissez-Vous cette voix, cher Caleb ? Avez-vous jamais entendu une voix semblable ?

— Si mon garçon des Amériques du Sud, des Amériques d’or, vivait encore… dit Caleb tremblant.

— Il vit, s’écria Dot, lui découvrant les yeux, et battant des mains avec enthousiasme : — regardez-le ; voyez-le devant vous, bien portant et fort, votre fils chéri : votre cher et tendre frère, Berthe ! »

Honneur à la petite femme et à ses transports ! Honneur à ses larmes et à son rire joyeux, lorsque le père et ses deux enfants se tinrent embrassés ! honneur à la franche cordialité avec laquelle Dot alla au-devant du matelot basané, avec ses noirs cheveux flottants, sans