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LE CRICRI DU FOYER.

Son père se plaça à sa droite, tandis que Dot restait à sa gauche, lui prenant à son tour la main.

« Je vous connais tous, dit Berthe, mieux que vous ne pensez : mais personne aussi bien qu’elle, pas même vous, mon père. Il n’y a autour de moi rien qui soit aussi vrai qu’elle. Si je pouvais recouvrer la vue en ce moment, je la reconnaîtrais dans une foule sans qu’elle eût besoin de dire un mot… Ma sœur !

— Berthe ! ma chère, dit Caleb, j’ai quelque chose sur le cœur et qu’il faut que je vous révèle pendant que nous sommes ici seuls tous les trois. Écoutez-moi avec votre bonté ; j’ai une confession à vous faire, ma chérie.

— Une confession, mon père ?

— Je me suis écarté de la vérité et je me suis égaré, perdu, ma fille, dit Caleb avec une expression lamentable dans la voix et le regard… Je me suis écarté de la vérité avec l’intention d’adoucir votre sort, et j’ai été cruel.

— Cruel ! répéta-t-elle en tournant de son côté son visage étonné.

— Il s’accuse trop, Berthe, dit Dot ; vous verrez qu’il exagère… vous serez la première à le lui dire.

— Lui, cruel pour moi ! s’écria Berthe avec un sourire d’incrédulité.

— Sans intention, ma fille, dit Caleb ; mais je l’ai été, quoique je ne m’en sois douté qu’hier. Ma chère fille aveugle, écoutez-moi et pardonnez-moi. Le monde dans lequel vous vivez, enfant de mon cœur, n’existe pas tel