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LE CRICRI DU FOYER.

tenu, un gémissement d’autant plus épouvantable qu’il eût infailliblement éveillé l’enfant, et peut-être lui eût causé des convulsions ou tout autre symptôme sérieux, si tout-à-coup elle n’avait aperçu Caleb Plummer conduisant sa fille. À leur approche elle fut rendue au sentiment des convenances, resta quelques minutes muette, la bouche ouverte, puis courant au lit sur lequel dormait le poupon, elle dansa sur le plancher un pas fantastique, ou danse de Saint-Vit, et par intervalles bouleversa toutes les couvertures avec sa tête : mouvements extraordinaires, qui étaient probablement un grand soulagement pour ses nerfs.

« Marie, demanda Berthe, quoi ! vous n’êtes pas au mariage ? »

À cette exclamation de Berthe, Caleb ajouta en se penchant à l’oreille de Dot : « Je lui ai dit, madame Peerybingle, que vous n’y seriez pas. J’ai entendu bien des choses, hier au soir. Mais Dieu vous bénisse, ajouta le petit homme en pressant tendrement les mains de Mrs Peerybingle ; je ne me soucie guère de ce qu’ils disent, je ne les crois pas. Je ne suis que peu de chose, mais ce peu de chose se ferait hacher en morceaux plutôt que de croire un seul mot contre vous. »

Il l’attira dans ses bras, et l’y serra comme un enfant eût embrassé une de ses poupées.

« Berthe ne pouvait rester à la maison, ce matin, dit Caleb ; elle avait peur, je le sais, d’entendre sonner les cloches, et elle ne pouvait prendre sur elle de se sentir