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LE CRICRI DU FOYER.

plus amer de ses tourments : elle lui rappelait trop qu’il n’y avait plus pour lui de bonheur et que le lien qui l’attachait à la vie était fatalement brisé.

Il lui semblait qu’il eût été moins douloureux pour son cœur de la voir frappée d’une mort prématurée et étendue là, devant lui, avec leur petit enfant sur sa poitrine… Nouvelle réflexion qui excita aussi de plus en plus sa fureur contre son ennemi. Il regarda autour de lui pour chercher une arme.

Un fusil pendait à la muraille. Il l’en détacha et fit deux ou trois pas vers la porte de la chambre du perfide étranger. Il savait que le fusil était chargé. N’était-ce pas justice de tuer cet homme comme une bête fauve ? Cette idée, d’abord confuse, s’empara de lui comme une inspiration infernale à l’exclusion de toutes ses pensées plus tendres qui l’abandonnèrent.

Je dis mal : ses pensées les plus tendres ne l’abandonnèrent pas, mais se transformèrent pour stimuler sa vengeance ; changeant l’eau en sang, l’amour en haine, la bonté en férocité aveugle. L’image de Dot, affligée, humiliée, en appelant à sa tendresse et à son pardon, était toujours là ; mais cette image même finit par le pousser vers la porte, lui mettant l’arme à la hauteur de l’épaule avec le doigt sur la détente, et lui criant : « Tue-le ! dans son lit ! »

Il renversa le fusil, pour frapper la porte avec la crosse ; il le tenait déjà levé en l’air : « Sauvez-vous,