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à courir. Redlaw, sa lampe à la main, rentra dans sa chambre, ferma précipitamment la porte, et alla s’asseoir dans son fauteuil ; puis il cacha son visage dans ses mains, comme un homme qui a peur de lui-même.

Car, à cette heure, il était bien réellement seul… seul… seul !…


II

Le don transmis.


Un petit homme était assis dans une petite chambre, séparée d’une petite boutique par un petit paravent recouvert de petits fragments de journaux.

En compagnie du petit homme, il y avait des petits enfants en aussi grand nombre qu’il vous plaira ; du moins ils produisaient cet effet, tant ils semblaient se multiplier dans cette sphère d’action si limitée.

Deux des marmots composant ce menu fretin avaient été mis au lit dans un coin, à l’aide de quelque moyen violent, et ils y auraient pu dormir passablement à leur aise, n’eût été leur propension constitutionnelle à rester éveillés et en même temps à se battre dans le lit comme hors du lit. La cause actuelle de ces excursions dans le monde éveillé provenait de la construction d’une muraille faite dans un coin avec des écailles d’huître par deux autres marmots d’un âge tendre. Les deux qui étaient couchés faisaient de nombreuses descentes pour attaquer cette fortification, après quoi ils se retiraient sur leur propre territoire.

Pour surcroît au vacarme occasionné par ces invasions et par les représailles exercées par les assiégés qui poursuivaient chaudement leurs adversaires et bousculaient les draps et les couvertures sous lesquels les maraudeurs cherchaient un refuge… un autre petit garçon, dans un autre lit, contribuait de son mieux à cette confusion de famille, en jetant ses souliers et une foule d’autres petits objets, inoffensifs en eux-mêmes, mais peu moelleux, considérés comme projectiles, à la tête des perturbateurs de son repos, lesquels ne se faisaient faute de lui rendre son compliment.

Outre cela, un autre petit garçon, le plus grand de tous, mais petit cependant, se balançait de çà, de là, penché d’un côté, et