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DEUXIÈME PARTIE.


Snitchey et Craggs avaient, sur le vieux champ de bataille, une bonne petite étude, dans laquelle ils faisaient de bonnes petites affaires, et livraient beaucoup de petites batailles rangées pour un grand nombre de parties adverses. On ne pouvait pourtant pas dire que la plupart de ces affaires fussent menées au pas de charge, ce serait plutôt au pas de tortue ; mais cela n’empêchait pas que les associés procureurs, raison Craggs et Snitchey, tantôt faisaient feu sur celui-ci, tantôt portaient une botte à celui-là, sans compter, de temps à autre, de légères escarmouches avec un corps irrégulier de petits débiteurs, selon l’occasion. La Gazette jouait un grand rôle dans leurs affaires comme dans bien d’autres combats plus glorieux, et, dans la plupart des batailles où ils commandaient en chef, les parties n’y voyaient goutte, tant elles se trouvaient enveloppées d’épais tourbillons de fumée, ou, pour mieux dire, elles n’y voyaient que du feu, et avaient peine à distinguer leurs amis de leurs ennemis.

L’étude de MM. Snitchey et Craggs était convenablement située sur la place du marché, de façon que tout fermier mécontent n’avait qu’un pas à faire pour y pénétrer. La chambre spéciale du conseil, servant en même temps de salle des conférences, était une vieille pièce de derrière, située au-dessus du rez-de-chaussée, avec un plafond bas et noir, qui semblait froncer les sourcils en réfléchissant aux difficultés inextricables de la loi.

La pièce en question possédait, en fait d’ameublement, quelques chaises à dos élevé, recouvertes en cuir. Ces chaises étaient garnies de gros clous en cuivre. De distance en distance, il en manquait deux ou trois tombés de vieillesse, ou bien arrachés par des doigts de clients distraits. On voyait sur le mur