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LE GRILLON DU FOYER.

cou- à leurs pieds ; de nouvelles voitures, conduites par de nouveaux voituriers (« Peerybingle frères, » lisait-on sur la bâche) ; de vieux messagers malades, soignés par les plus douces mains ; et des tombes de messagers, morts depuis longtemps, couvertes d’un gazon verdoyant dans le cimetière. Et pendant que le grillon lui faisait voir toutes ces choses, car il les voyait distinctement, quoique ses yeux demeurassent fixés sur la flamme du foyer, le messager se sentait le cœur heureux et satisfait, et remerciait de toute son âme ses dieux domestiques, sans plus se soucier de Gruff et Tackleton que vous ne vous en souciez vous-même.

Mais quelle était cette figure de jeune homme que le même grillon-fée plaça si près de son tabouret, à elle, et qui y demeurait seul, debout ? Pourquoi restait-il si près d’elle, le bras appuyé sur le manteau de la cheminée, et répétant toujours : « Mariée ! et mariée à un autre que moi ! »

Ô Dot ! ô Dot ! auriez-vous trahi vos devoirs ? Oh ! non ! c’est une pensée qui ne peut trouver place dans toutes les visions de votre mari ; mais pourquoi donc alors cette ombre est-elle venue s’abattre sur son foyer ?


II

Deuxième cri.


Caleb Plummer et sa fille aveugle vivaient tout seuls dans leur coin, comme disent les livres de contes (les bons petits livres de contes ; je suis sûr que vous les bénissez, comme moi, de venir rompre par leurs récits la monotonie de ce monde prosaïque !), Caleb Plummer et sa fille aveugle vivaient tout seuls dans leur coin, c’est-à-dire dans une petite maison de bois lézardée, une vraie coquille de noix fêlée, comme qui dirait une verrue sur le nez proéminent, couleur de brique, de Gruff et Tackleton. La propriété de Gruff et Tackleton tenait la moitié de la rue, mais vous auriez pu abattre la demeure de Caleb Plummer d’un coup de marteau ou deux, et en emporter les débris dans une charrette.

Si quelqu’un avait fait à la maison de Caleb Plummer l’honneur, après une semblable expédition, de remarquer qu’elle avait disparu, ç’aurait été, sans aucun doute, pour en approuver, de tous points, la démolition comme une amélioration