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posai à leur sœur de les reléguer dans leur mansarde le jour du mariage, de les y rendre aussi heureux que possible en l’honneur de la fête, et de concentrer tous nos efforts sur leur mère et sur la salle du festin. Mistress Jellyby exigeait pour sa part beaucoup de soins particuliers, si on voulait qu’elle fût présentable, l’échelle que formait dans son dos le lacet blanc qui retenait son corsage, s’étant considérablement élargie depuis ma première visite, et sa chevelure ressemblant à la crinière d’un cheval de boueur.

Pensant donc que l’exhibition du trousseau de Caroline serait le meilleur moyen d’aborder la question, j’invitai mistress Jellyby, un soir, après le départ du secrétaire, à venir dans la chambre de sa fille, où nous avions étalé toutes nos jolies choses sur le lit.

«  Ma chère miss Summerson, répondit-elle en quittant son pupitre avec sa douceur ordinaire, tout cela est du dernier ridicule, bien que l’assistance que vous avez prêtée à ma fille soit une preuve de votre bonté ; mais il y a pour moi quelque chose de si étrangement absurde dans la pensée de voir Caddy se marier !… Caddy, folle et niaise que vous êtes ! »

Elle n’en monta pas moins et considéra tout ce qui était sur le lit avec cet air distrait qui lui était habituel ; puis, secouant la tête, elle me dit en souriant : « Miss Summerson, avec la moitié de ce qu’on a dépensé là, cette folle enfant aurait pu s’équiper pour l’Afrique. »

En descendant, elle me demanda s’il était vrai que cette ennuyeuse affaire dût réellement avoir lieu le mercredi suivant, et, sur ma réponse affirmative : « Est-ce qu’on aura besoin de mon cabinet ? dit-elle ; chère miss Summerson, il est tout à fait impossible que mes papiers soient mis ailleurs. »

Je pris la liberté de lui dire qu’il était indispensable qu’elle nous prêtât son cabinet, et que je ne croyais pas impossible de placer ailleurs les papiers qui s’y trouvaient : « Fort bien, chère miss ; vous savez cela mieux que moi : seulement, en me forçant à prendre un secrétaire, accablée de besogne comme je le suis, Caddy m’a dérangée au point que je ne sais plus où donner de la tête. Nous avons une séance de la Société de ramification mercredi vers trois heures ; ce mariage est un grave inconvénient.

— Qui ne se renouvellera pas, répondis-je en souriant ; Caddy ne se mariera probablement qu’une fois.

— C’est vrai, ma chère ; faites donc ce que vous jugerez convenable. »