Page:Dickens - Bleak-House, tome premier.pdf/391

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Peut-être celui d’un parent, d’un collatéral de Votre Seigneurie ?

— Non !

— J’arrive au dernier point de la cause ; à l’endroit où nous en sommes, les faits se présentent d’eux-mêmes, et je vais les resserrer de plus en plus dans un rapide exposé. Il faut d’abord que j’apprenne à Votre Seigneurie, si toutefois Votre Seigneurie l’ignore, qu’il y a quelque temps un expéditionnaire faisant des copies pour les gens de loi fut trouvé mort dans la plus profonde misère, au second étage d’une maison sise près Chancery-Lane, et appartenant à un marchand nommé Krook ; à la suite d’une enquête, il fut déclaré anonyme, son nom étant demeuré inconnu. Or, j’ai découvert dernièrement que cet infortuné s’appelait Hawdon.

— Et qu’est-ce que cela peut me faire ?

— Ah ! c’est précisément la question. Il s’est passé après la mort de cet homme un fait étrange ; une dame, sous un costume d’emprunt, est venue voir la scène où le drame avait eu lieu, et a visité jusqu’au cimetière où sont les restes du malheureux Hawdon ; elle a été conduite dans ces différents endroits par un petit balayeur des rues que je pourrais produire et dont la déposition viendrait corroborer mon témoignage si Votre Seigneurie le désirait ; je puis à toute heure mettre la main sur lui. »

Ce misérable importe fort peu à milady ; elle ne désire pas le moins du monde qu’il soit amené devant elle.

«  C’est une étrange histoire, reprend M. Guppy ; et, si Votre Seigneurie entendait ce petit balayeur parler des bagues qui étincelèrent aux doigts de cette lady quand elle ôta son gant, elle trouverait, j’en suis sûr, que l’incident est du dernier romantique. »

Des diamants étincellent aux doigts qui tiennent l’écran ; milady, en jouant avec cette précieuse bagatelle, fait briller d’autant plus ces bagues resplendissantes, et son visage prend de plus en plus cette expression qui, dans le temps jadis, eût été si fatale au jeune M. Guppy.

«  On a cru longtemps, poursuit-il, que ledit Hawdon n’avait rien laissé qui pût faire reconnaître son identité ; c’est une erreur ; on a trouvé chez lui un paquet d’anciennes lettres. »

Le regard de milady est rivé sur l’audacieux jeune homme, et, l’écran s’agite de plus en plus.

«  Ces lettres ont été prises et conservées en secret ; j’avertis Votre Seigneurie que demain soir elles seront en ma possession.