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BLEAK-HOUSE

« Oui, je le crois, dit-elle en minaudant. Ah ! voici Kenge avec ses documents. Comment se porte Votre Honneur ?

— Très-bien, très-bien, ne soyez pas importune ; … c’est une bonne âme, répliqua M. Kenge en nous emmenant chez lui.

— Nullement, reprit la pauvre petite vieille qui nous suivait toujours ; bien loin d’être importune je vous conférerai de vastes domaines, jeunes pupilles, ce qui jamais ne passa pour importun ; j’attends une conclusion… Avant peu… Au grand jour du jugement. C’est pour vous d’un bon augure, et je vous bénis encore. »

Elle s’arrêta au bas du perron, mais, avant d’entrer, nous nous retournâmes et nous la vîmes à la même place continuant ses révérences et ses sourires entre chaque membre de phrase.

« Espoir ! Jeunesse ! Beauté, disait-elle, et Kenge le beau diseur. Acceptez, je vous prie, la bénédiction que je vous donne. »


CHAPITRE IV.

Philanthropie télescopique.

M. Kenge nous annonça que nous devions passer la nuit chez mistress Jellyby.

« Vous la connaissez ? me dit-il en se tournant de mon côté.

— Non, monsieur, répondis-je ; peut-être M. Carstone ou miss Clare….

— Ni l’un ni l’autre n’en savait plus que moi.

— Mistress Jellyby, reprit M. Kenge le dos au feu et les yeux fixés sur le vieux tapis du foyer où il semblait lire la biographie de cette dame, est une personne d’une force de caractère excessivement remarquable et qui se dévoue entièrement au bien de l’humanité. De grandes questions l’ont successivement occupée jusqu’à ce jour ; elle est pour l’instant absorbée par l’Afrique au point de vue de la culture du café, de l’éducation des indigènes et de l’heureux établissement de l’excédent de la population anglaise sur les bords des rivières africaines. M. Jarndyce, qui aime à encourager toutes les œuvres utiles, et dont les philanthropes recherchent avidement la connaissance, a de mistress Jellyby la plus haute opinion. »